Sans doute, dans l’érotique de l’époque, est-on enclin à penser que seul le genre a un éventail, ce qui d’ailleurs, au regard du trinôme masculin, féminin, neutre, se révèle décevant. L, G, B, T,…n, certes enrichit la grammaire, mais la multiplication des genres, quel que soit l’intérêt des questions que pose une telle auberge espagnole, rate la raison qui fait qu’aucun alphabet n’est infini.
"Parions donc sur l’éventail du sexe, dont le nombre de pales est innombrable, ou du moins non dénombrable, non pas au regard du nombre finalement restreint des comportements qu’il permet, ou ne permet pas, qu’au regard de la singularité inépuisable du franchissement, effectif ou seulement rêvé, du seuil de la virginité, dont nul ne peut s’exempter. La portée de l’éventail, dans son aspiration de respiration, ne tient donc pas d’abord à l’extension de son arc, mais à la capacité de chacune de ses pales à incarner le biseautage de l’air par l’aiguisement d’une lame. Ce mouvement a deux bords : le premier implique la nomination de la dite lame, l’autre, que la nomination retienne son souffle pour mieux habiter l’air."
Pierre Bruno
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