LOM a un corps et n’en a qu’un.
Une évidence bien sûr, mais une formule non sans conséquence : que le corps s’habille d’un voile pour en cacher le Réel, ou qu’il s’écrive de quelques lettres pour faire chaîne, et même si l’âme hésite toujours encore entre matérialité ou motérialité, nous ne savons pas ce que c’est que d’être vivant sinon seulement ceci, qu’un corps cela se jouit.
Cela se jouit aujourd’hui sans limites, jusqu’à en oublier, comme le dit Charles Melman, que, de cette jouissance, le corps est la réponse généreuse. Sûr de sa consistance, son UN supposé à l’abri dans ce sac de peau fermé, le parlêtre, pourtant, son corps, il ne l’est pas.
L’homme dit : son corps, il l’a !
Il y a droit : l’homme d’aujourd’hui (contemporain ?) crée son corps à son image ! À sa botte, le corps, bonne à tout faire d’une soif de jouissance. Parfois, de croire à l’être, la parole se convertit ! Et le corps va au-devant (entgegenkommen dit Freud, mal traduit par « complaisance somatique ») des désirs indicibles, il se présente, se monstre, se sculpte, s’exporte, se fait acteur, se mêle à la conversation, s’aile à mourre…
Mais sinon, au gré de la toute-puissance, se dé-corps d’écriture, se complète de quelques dessins, quelquefois même se découpe dans un bris-collage correcteur, s’augmente, se clone, se même…
Ou encore, la copulation du langage avec le corps propre dénaturant l’organisme, le vivant se gonfle ou s’affame, s’efface dans le virtuel, et parfois même, si le corps se rebiffe, il en meurt.
Les pulsions, c’est l’écho dans le corps du fait qu’il y a un dire.
Voilà la jouissance apparolée. Lacan parle d’économie de la jouissance quand les objets de l’autre scène font leur apparition dans le monde marchand, où chacun est libre – croit-il – de réaliser l’injonction sadienne, de faire de son corps ce qui lui plaira.
Auto-affection ou fabrique d’anticorps ? Cette injonction est désormais devenue virale, selon la formule usitée sur les réseaux sociaux.
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