Dans les familles où la pluralité des langues des parents donne lieu (ou pas) à la création d’un langage commun familial, en quoi le rapport à la langue va-t-il entraver ou favoriser la construction subjective et l’intégration sociale ? Sachant que les enfants et les adolescents s’approprient aussi d’autres langues qui circulent dans les groupes des pairs.
Il y a des langues qui ne traversent pas les familles : elles restent au port d’origine ou font naufrage en mer, ou encore s’arriment mal en terre d’asile. La langue que l’on parle dans un pays peut aussi perdre la fonction de nommer les choses. C’est souvent l’œuvre de l’Histoire qui se mêle à l’histoire familiale. Pour quelles raisons abandonne-t-on, oublie-t-on une langue ? Quels pourraient en être les sens quand elles surgissent dans l’espace clinique ? Comment y accueillir les traces transgénérationnelles ? Lorsqu’elles ne trouvent pas de place dans la pensée, les langues peuvent trouver d’autres voies : on pense à la voie du corps ou à celle de la créativité dans les arts. Qu’en est-il des créations énigmatiques des langues des autistes et de leur impact sur la communication au sein de la famille ?
Dans quelle langue pense le clinicien, écoute-t-il, intervient-il ? Lorsqu’on fait appel à un interprète, quels sont les différents enjeux subjectifs qui se déploient dans l’espace thérapeutique ? En quoi le lien familier du praticien avec la langue de l’autre pourrait-il accueillir (favoriser ?) la re-traversée du récit par la langue, le surgissement d’une langue tue, vers de nouveaux arrimages, vers l’intégration ?
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