Le discours dominant actuel ordonne aux parents, aux enseignants, à ceux qui ont des responsabilités, de « restaurer » leur autorité ! Comme si cela dépendait d’eux. Or de l’autorité nul n’est maître : elle résulte d’une reconnaissance qu’autrui nous adresse. Elle ne saurait relever du seul statut, comme c’est le cas du pouvoir. L’autorité n’est pas naturelle : elle est culturelle, tout comme l’amour et la haine. Ces liens prennent leur source dans le terreau de notre histoire privée, et se construisent sur la base des traces les plus archaïques de notre inconscient.
La transmission de notre spécificité humaine ne relève pas du biologique : elle témoigne de notre appartenance à un ordre symbolique. L’amour ou la haine du symbolique nous viennent à travers des paroles dont l’autorité s’impose à notre esprit. Sans de telles paroles nous restons livrés à la jouissance pulsionnelle qui nous tire vers la barbarie et la haine. Ce sont des paroles qui ouvrent notre entendement à la connaissance des « objets » du monde. Emanant d’un humain, elles nous touchent là où notre désir parle… C’est à cet être, Autre parmi les autres, que nous nous adressons quand la détresse nous saisit, car nous supposons qu’il détient puissance et connaissance. C’est grande chance quand nous pouvons penser qu’il est aussi le lieu de la bienveillance. C’est cet Autre et ceux qui le représentent que nous investissons d’autorité.
L’élaboration de la problématique de l’autorité que nous propose ici l’auteur en référence aux acquis des théories contemporaines des sciences humaines, permet de repérer les processus psychiques inconscients qui produisent la force de nos aliénations mais aussi le miracle de notre libération et de notre accès à la connaissance.
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