Lacan presque queer intervient au cœur du débat opposant les militants queer et les spécialistes des études de genre aux psychanalystes. Il évalue la pertinence des critiques politiques développées par les premiers tout en rappelant l’exigence émancipatrice de l’expérience psychanalytique (revue par Lacan) et l’ampleur de son analyse historique de l’évolution de l’éthique des sociétés occidentales (de l’antiquité à la modernité).
Le 17 novembre 2019, le philosophe queer Paul B. Preciado invité à la tribune du congrès de l’Ecole de la cause freudienne prononce une mémorable conférence exigeant des psychanalystes une profonde mutation de leur discipline qui reste selon lui la science de l’inconscient hétéropatriarcal et colonial, enferme les sujets dans la cage de l’épistémologie binaire et hiérarchique de la différence des sexes, reconduit la domination masculine, les pratiques de mort contre les homosexuels et les transsexuels, culpabilise les enfants par l’œdipe, et œuvre au total à toutes sortes d’opérations de normalisation favorisant au mieux l’état actuel de la reproduction sociale ou de la domination mortifère du père (blanc).
Pour Markos Zafiropoulos, il fallait répondre par Lacan à cette violente critique qui divise le champ freudien et celui des études de genre, mais aussi les associations militantes comme les cercles tâtonnant vers la construction d’une queer psychanalyse.
En retournant au texte même, l’auteur prend la mesure de l’analyse de Lacan concernant l’histoire de l’éthique en Occident, les ressorts cliniques qui font de l'homme moderne un fugitif et un prisonnier de la cage du fantasme mais aussi de ce qu’il apporte aux buts moraux de la psychanalyse qui vont comme un gant aux impératifs des avant-gardes politiques.
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