La culture des adolescents amateurs de mangas et autres sagas, de séries Netflix ou encore de jeux vidéo en réseaux décontenance parfois les générations précédentes. Un professeur de philosophie curieux de ces nouvelles pratiques a réalisé une enquête approfondie auprès de soixante adolescents, afin de comprendre comment ils utilisent ces récits pour se construire.
Pour les ados particulièrement, les récits de fiction, mangas, sagas, séries, univers de jeux, sont un élément vital, viral et omniprésent. Malgré le côté incontestablement commercial de certaines œuvres à succès, ils en font quelque chose de très personnel et de collectif en même temps.
L’indétrônable Harry Potter, Naruto, One Piece… dessinent les contours d’une culture adolescente, dont ils constituent les nouveaux mythes. Loin de ne faire que consommer, les jeunes se réapproprient, réinventent, échangent, écrivent, mais surtout vivent, à travers les fictions, l’expérience, en première personne, d'une construction de soi, forcément chaotique. Supports d’une initiation singulière, ces récits les aident à entrer dans le monde adulte... tout en retardant cette échéance.
« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » est la devise qu’illustrent les combats, la souffrance des héros ou anti-héros, la violence omniprésente, une violence qui pourrait venir de l’intérieur… Entre bien et mal, narcissisme et charisme, les personnages les plus populaires sont aussi les plus troubles. Aux limites de l’humain. Face aux monstres de la crypte, les fameux pouvoirs des héros sont sans doute nécessaires pour affronter les risques et sauver sa peau.
Ainsi ces mythes contemporains dressent le portrait-robot d'une jeunesse désorientée, en proie à l'incertitude, mais plus créative qu’on ne le croit souvent.
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