Dans l’analyse qui a permis à l’auteure d’accepter ses origines, son sexe biologique et la maternité, Lacan a recouru très largement à la séance dite courte. Betty Milan témoigne de la pertinence de cette pratique.
« J’ai fait mon analyse avec Lacan dans les années 1970. Quarante ans après sa mort, j’ai eu envie de revenir sur ce qui s’était passé au 5 rue de Lille.
Si mon travail avec Lacan ne m’a pas définitivement délivrée de l’angoisse, il a changé ma vie. Lacan a éclairé ma route en permettant à une descendante d’immigrants libanais, victime de la xénophobie des autres et de la sienne propre, de s’accepter enfin. Il n’était pas guidé par le temps de Kronos, celui de la durée qui s’écoule, mais par celui de Kairos, moment fugace où se présente une opportunité qu'il faut savoir saisir. En empruntant cette voie, aujourd’hui encore controversée, Lacan a bouleversé la psychanalyse et lui a rendu la virulence de ses débuts.
Je ne me souviens pas de tout ce qui s’est passé pendant l’analyse. Mais ce qui a été décisif, je ne l’ai pas oublié. J’ai même conservé de certains faits une mémoire photographique. »
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