Depuis toujours les discours ont construit des mythes universels du féminin. Ils parlent de la femme qui n’existe pas, non de celle qui existe : nulle femme n’est comme Ève sortie d’un homme, nulle n’a conçu comme Marie sans semence. Ces figures ont une fonction de symptômes, elles soutiennent le système symbolique en inscrivant ses points d’impossible, d’absurde, d’achoppement mais elles ne disent rien des féminités.
Longtemps dessinée avant d’être dite, longtemps dite avant qu’elle ne se dise, la féminité reçut de Freud le nom de « continent noir ». Pourtant elle n’habite pas l’Afrique, mais se situe tout près des discours.
La conception d’un féminin en défaut est une grille de lecture historique, elle laisse maintenant place à ce qui prend en compte l’évolution des faits. Parce qu’une femme n’est pas toute dans la fonction phallique du discours, parce qu’elle ne veut pas tout de son offre et de sa prise, elle y intervient du dehors et travaille à tresser autrement les nœuds de l’amour. L’Histoire recèle les féminités comme jouissances hors langage des corps qui habitent le langage, la mystique a approché la logique féminine d'une manière qui fait énigme, la littérature en articule parfois des termes singuliers, l'expérience réelle les rencontre une à une.
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