Quelle relation y a-t-il entre la psychanalyse, dont la pratique est fondée sur le langage, et la musique, qu’on dit asémantique parce qu’elle nous bouleverse sans jamais articuler de signification précise ? Pourrait-il y avoir quelque chose de musical dans les phénomènes auxquels la psychanalyse a à faire, et spécialement, dans le cas de la mélancolie ?
En suivant le dernier enseignement de Lacan, influencé par les théories de Jakobson et de Levi-Strauss, Silvia Lippi construit un parallèle entre psychanalyse et free jazz fondés tous deux sur l’improvisation. La notion de rythme permet d’envisager une modalité de la cure qui n’oppose pas le discours maniaque aux exigences d’un ordre symbolique extrinsèque et forcément répressif. Il ne s’agit plus d’interpréter, mais de rythmer : le jazz a montré que des rythmes et des tempos différents n’empêchent pas l’émergence d’un discours commun entre les éléments du groupe.
L’auteure propose une approche psychanalytique des psychoses, qui repose plus sur l’invention que sur la réparation et rompt avec une conception déficitaire de cette structure clinique. La psychose devient le paradigme de la lutte contre tout pouvoir centralisé, incarné par les différentes figures paternelles et paternalistes de notre société. Avec le rythme, la psychanalyse redevient clairement ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une force d’émancipation.
Dans la collection