Alors que Lacan a constamment martelé que « l’inconscient est structuré comme un langage », la question se pose de savoir s’il faut entendre « langage » dans le sens large d’une entité linguistique ou s’il s’agit du langage concret, comme le français ou l’anglais. À supposer que le langage doive être pris dans le sens de langue, plus encore que de parole, cela signifie-t-il que la psychanalyse change selon qu’elle est pratiquée en une langue ou en une autre ?
Le projet du présent livre est d’avancer dans quelques directions sur ce terrain. Comment peut-on prouver que la psychologie doit à la langue plus que la langue à la psychologie ? Qu’est-ce qui a pu pousser Lacan à dire que l’anglais ne prêtait pas ses locuteurs à l’analyse : ni à l’acte même de l’analysant – quoique, paradoxalement, le mot, si l’on en croit Lacan, doit quelque chose à l’anglais –, ni à celui du théoricien ?
Jean-Pierre Cléro examine l’usage que Lacan fait de la langue anglaise dans son travail : son utilisation des philosophes et savants anglais, de la littérature, des psychologues et des psychiatres anglophones, mais aussi des termes anglais (acting out, fading, splitting...) ou franglais (oddité, poignance...) qu’il importe ou crée dans le vocabulaire analytique. Cet ouvrage met ainsi à l'honneur une pensée lacanienne en construction, au-delà des frontières françaises dans un souci de bilinguisme et de transdisciplinarité.
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