« Je ne l’ai plus vue depuis des semaines.
Un jour, elle est venue, croyant avoir rendez-vous avec moi. Elle s’était trompée de jour, d’heure, de semaine.
Je n’étais pas là ce jour-là.
Elle est repartie.
Elle m’a sonné, longtemps après.
Elle est là devant moi, à quelques mètres, et sa détresse m’affecte.
Ça a recommencé. Ça recommence.
Elle le sent. Elle le sait.
Moi aussi je le sais, puisque je suis à ses côtés depuis des années.
Elle sait que je le sens. Et elle a raison. Je vois se rouvrir les abîmes sous ses pas. Le moment où ça bascule, ça dérape. Elle ne veut pas retrouver l’angoisse qui donne envie de mourir. Elle me scrute et elle pleure. Elle essaye de s’accrocher à mon regard et moi je sens qu’elle glisse. Je ne dis pas grand-chose. Mais c’est déjà trop. Est-ce que je serais comme ses collègues, à penser qu’elle devrait arrêter de travailler ? Elle me soupçonne tout à coup.
Je lui propose qu’on se revoie demain.
Elle accepte. » D. B.
Dans des récits, sortes de croquis de séances, ou d’entre-séances, Danielle Bastien rend compte de son travail quotidien de psychanalyste. Elle restitue une atmosphère, donne du relief au désespoir, à la douleur, aux questions sans réponses des humains, femmes et/ou hommes qui s’adressent à elle. Avec Kate, Bill, Carmen et les autres, l’ouvrage nous fait découvrir les dimensions du féminin, du maternel et des couples qui sont au cœur de sa pratique psychanalytique.
Mise en vente le 10 septembre 2015.
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