Au cours de ces dernières décennies, la notion de souffrance s'est diffusée de manière croissante dans de nombreuses institutions comme dans la recherche en sciences humaines. Saisie en termes de trouble, fragilité, vulnérabilité... elle sert à nommer l'inacceptable et l'injuste, au risque de rendre l'individu responsable de ce qui autrefois relevait des structures sociales ou des violences institutionnelles. Dans le travail de la critique sociale, elle semble remplacer les vieux termes d'exploitation ou d'aliénation. Quel est l'enjeu de nommer de la sorte le négatif de l'existence ? Quelles sont les incidences sur les moyens de riposte dont il est possible de se saisir ?
Après avoir interrogé de manière approfondie la catégorie souffrance pour en saisir les enjeux, la portée et les limites, les auteurs se centrent sur différents lieux institutionnels où elle fait référence : ceux de l'intervention sociale, de la justice et du travail. Ce sont autant de terrains dans lesquels s'éprouvent les difficultés et les écueils d'une écoute « politisée » des souffrances sociales mais où s'inventent aussi des pratiques cliniques ou des démarches collectives inédites.
Aujourd'hui, le destin politique des souffrances est particulièrement important à considérer, d'abord pour l'acteur de terrain qui s'y trouve quotidiennement confronté et fait acte politique dès lors qu'il veut les rendre audibles sur une scène publique, mais aussi pour le chercheur ou le citoyen éclairé. Les auteurs réarticulent ici les rapports entre souffrance, justice et politique, pour déjouer les liens mortifères que tissent les souffrances sociales, et réactiver le potentiel critique et créatif qu'elles recèlent également.
Thomas Périlleux est sociologue, professeur à l'université catholique de Louvain, membre fondateur du Laboratoire « Globalisation, institution, subjectivation » (LAGIS) et chercheur associé au Groupe de sociologie politique et morale (GSPM - EHESS).
John Cultiaux est sociologue, chercheur senior au centre de recherche Travail et technologie de la Fondation Travail-université, membre associé du Laboratoire de changement social (Paris 7) et chargé de cours à l'université catholique de Louvain et aux facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur.
Avec la partcipation de : Janine Barbot, Nicolas Dodier, Marie-Anne Dujarier, Vincent de Gaulejac, Jean-Louis Genard, Dominique Lhuilier, Emmanuel Renault, Jacques Rhéaume, Marc-Henry Soulet, Didier Vrancken.
Mise en vente le 03 décembre 2009
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