En visioconférence et/ou replay - 13 et 27 janvier, 10 et 24 février, 10 et 24 mars, 7 avril, 19 mai 2025

Peut-on soigner les personnes sans soigner la société ?

photo de Vincent DE GAULEJAC

Vincent de Gaulejac est président du réseau international de sociologie clinique. Professeur émérite à l’université Paris-Cité, docteur honoris causa des universités de Mons (Belgique) et de Rosario (Argentine). Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

Objectifs


Une société ça ne se soigne pas. Une société n’a pas de corps, pas de conscience, pas d’appareil psychique. On ne voit pas bien comment on pourrait l’allonger sur le divan d’un psychanalyste ou lui conseiller de consulter un psychothérapeute. 

Les métaphores médicales ou psychopathologique sont fréquentes pour évoquer une société malade, schizophrène, paranoïaque, fracturée, dépressive, anxiogène, anesthésiée… Les sociologues cliniciens évoquent souvent la souffrance sociale, les maladies de l’excellence, de l’exclusion, du travail (burn out, épuisement professionnel, stress, suicide…). C’est dire que les symptômes somatiques et psychosomatiques ont des liens étroits avec des situations sociales qui les génèrent. Il y a là des « nœuds sociopsychiques » qui doivent être traités dans leurs dimensions plurielles.

La formation présentera différentes démarches théoriques, méthodologiques et pratiques pour analyser et traiter les pathologies qui émergent dans les sociétés hypermodernes à l’articulation du psychique et du social.

Vincent de Gaulejac animera l’ensemble de la formation. Il invitera des auteurs ayant publiés des ouvrages dans la collection Sociologie clinique. Il sera ainsi accompagné de :

  • Isabelle Seret est intervenante, sociologue clinicienne, formée en victimologie appliquée. Elle accompagne des jeunes et des familles confrontées à la violence. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages.
  • Fabienne Hanique est sociologue clinicienne du travail, professeure à l’université Paris Cité. Elle est vice-présidente du Réseau International de Sociologie Clinique (RISC), et membre du Laboratoire de Changement Social et Politique (LCSP). Elle est également directrice du master 2 « Théories et pratiques de l’intervention clinique dans les organisations » (TPICO), et intervient régulièrement dans les organisations. 
  • Danièle Linhart est sociologue du travail, directrice de recherches émérite au CNRS, membre du laboratoire GTM-CRESPPA, UMR-CNRS-universités de Paris 8 et Paris 10.
  • Gilles Herreros est professeur émérite de sociologie Université Lyon 2, centre Max Weber (CNRS), sociologue et spécialiste de l’analyse du travail. Il intervient depuis plus de vingt ans dans des organisations de tout types (administrations, associations, entreprises) et de divers secteurs, sur la base de commandes (diagnostics, accompagnements, groupes de réflexion). Il enseigne aussi auprès de publics en formation initiale et en formation continue, dans des masters de sociologie des organisations. Il est également auteur de plusieurs ouvrages sur l’intervention clinique en organisation.
  • Bénédicte Vidaillet est psychanalyste, professeure des universités à l’université Paris est Créteil et militante écologiste, membre du Collège de psychanalystes de l'ALEPH (Association pour l'enseignement de la psychanalyse et de son histoire) et du bureau de l'ALEPH,  auteure de plusieurs livres, dont le dernier s’intitule Pourquoi nous voulons tuer Greta. Nos raisons inconscientes de détruire le monde (2023, Toulouse, érès).
  • Christophe Niewiadomski, professeur émérite en sciences de l’éducation et de la formation à l’université de Lille. Il est par ailleurs socio-clinicien et membre fondateur du Réseau International de Sociologie Clinique (RISC).
  • Jean Philippe Bouilloud est sociologue, professeur à ESCP Business School et chargé de cours à l’université Paris-Cité. Il est vice-président du réseau international de sociologie clinique, membre associé du LCSP (UPC), co-directeur du centre d’études et de recherches sociologiques (ESCP BS). Il a publié récemment Pouvoir faire un beau travail, une revendication professionnelle, Eres, 2023.
  • René Badache est comédien intervenant, militant de l’Éducation populaire. Membre de l’équipe historique du Théâtre de l’Opprimé (1981/1990), il est cofondateur d’Arc en Ciel Théâtre et chargé de cours à l’université de Paris.


Objectifs spécifiques :

  • Explorer les liens entre souffrance sociale et souffrance psychique
  • Comprendre la genèse des fractures sociale et institutionnelles et les conflits qu’elles génèrent. 
  • Analyser et traiter les pathologies émergentes dans nos sociétés hypermodernes.
  • Explorer les causes du mal être au travail
  • Proposer des remèdes pour répondre aux tensions psychologiques, organisationnelles et sociales.  
  • Repenser ses pratiques professionnelles à l’orée des analyses menées.

Programme


Chaque séance abordera une thématique particulière illustrant différents aspects de recherches et d’interventions menées sur le terrain. Dans une deuxième partie, nous examinerons, à partir des questions des participants, comment les outils et les méthodes de la recherche socio-clinique peuvent servir aux praticiens pour accompagner des personnes, des familles, des groupes et des institutions confrontés aux conflits qui traversent nos sociétés fracturées. Différentes thématiques seront abordées comme la violence terroriste, la perte de sens et la souffrance au travail, la violence managériale, la crise des institutions, les désastres écologiques, mais aussi les remèdes possibles pour produire du sens face au chaos, mieux comprendre en quoi les contradictions de chaque histoire génèrent des conflits dans le présent, retrouver la beauté au travail, utiliser le théâtre et différentes formes d’expression artistiques pour « mettre sa vie en jeux ».


=> Consultez le détail du programme ci-dessous

 

Public concerné :

Cette formation est destinée aux professionnels de la relation et de l’accompagnement, en particulier aux travailleurs sociaux, éducateurs, psychothérapeutes, psychanalystes, animateurs, coachs, consultants, intervenants, chercheurs, militants associatifs et politiques, qui s’interrogent sur les liens entre les conflits vécus par les personnes et les groupes qu’ils accompagnent et les conditions sociales, culturelles, économiques qui génèrent ces tensions.

Infos & inscriptions

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Chaque participant aura accès à des ressources pédagogiques sur Cairn.info, à travers les listes de lecture conçues par les formateurs.


8 demi-journées de 9h30 à 12h
Date : 13 et 27 janvier, 10 et 24 février, 10 et 24 mars, 7 avril, 19 mai 2025

En visioconférence sur ZOOM
La formation est également disponible en replay pendant
4 mois à compter de la dernière date, sur votre espace personnel.

Coût par personne :
Formation continue (financée par les OPCO) : 630 €
Inscription individuelle payée par l'employeur : 430 €
Inscription individuelle : 280 €
Tarif réduit (étudiant, chômeur) : 130 €


Organisme de formation enregistré sous le n°76310922331 DIRECCTE OCCITANIE
Id. Datadock n°0065390, et certifié QUALIOPI

Pour toute personne à besoins spécifiques, merci de contacter érès formations au 05 61 75 40 88.

Obtenez un devis sans engagement en cliquant sur le bouton « S'inscrire » et en remplissant le formulaire. L’inscription ne sera validée qu’après réception du règlement ou de la convention

Contenus


Le traumatisme post-attentat, un nœud sociopsychique
13 janvier, avec Isabelle Seret

Peut-on soigner une société ? La sociologie clinique na pas de prétention à cet égard : une société, ça ne se soigne pas. Et pourtant le terrorisme est le symptôme dune société qui va mal. Cest ce mal quil nous faut explorer, comprendre et traiter plutôt que dentretenir un imaginaire leurrant faussement moralisateur opposant la civilisation à la barbarie, un axe du bien à un axe du mal.
Il nous faut inventer une autre façon de penser et dagir,  en associant les personnes victimes des attentats, les familles des enfants engagés dans la radicalisation djihadistes, les intervenants de première ligne concernés par les attentats et les traumatismes qu’ils génèrent. C’est en reconstruisant tous ensemble un monde commun que l’on peut restaurer les personnes et la société, sortir du manichéisme, de l’opposition entre « eux » et « nous ».
 
Retrouver le sens du travail
27 janvier, avec Fabienne Hanique
 
Les transformations profondes que connaissent actuellement les salariés des entreprises s’enracinent dans une vaste « révolution managériale »  entamée dès les années 1970 dans le privé et au début des années 1990 dans le public. Ces entreprises ont, en quelques années, intégré de nouvelles logiques gestionnaires qui organisent désormais l’activité et le « sens du travail » de leurs salariés. Dans ce contexte émergent de nouveaux symptômes de souffrance au travail, comme le stress, le burn out, le harcèlement, la dépression, l’épuisement professionnel, jusqu’au suicide. Certains évoquent l’idée que c’est le travail qui est malade, et pas seulement les travailleurs. Les organisations deviennent « paradoxantes ». Elles confrontent les individus à des injonctions paradoxales continues, à des dilemmes insolubles. Au delà du débat théorique sur les causes du mal-être, nous explorerons les réponses que la sociologie clinique propose pour remettre du sens là où il se perd.
 
La révolution managériale et la souffrance au travail
10 février, avec Danièle Linhart
 
Les salariés sont pris dans un dilemme qui les met en grande vulnérabilité. Au-delà du besoin financier qui les tient, et malgré les contraintes permanentes qu’impose la subordination inscrite dans leur statut, ils ont pour leur travail de réelles aspirations en termes de sens, d’utilité sociale, d’identité professionnelle et citoyenne. La "révolution managériale" stimule et exacerbe les désirs qui sous-tendent le rapport au travail, impose de nouvelles méthodes d’organisation et d’implication des salariés, toujours plus déstabilisantes et délétères. Le lien de subordination devient de plus en plus personnalisé et intrusif. Il compromet toute capacité collective des salariés à s’emparer des véritables enjeux du travail. Des DRH "bienveillantes" et préoccupées du "bonheur" de leurs salariés aux "entreprises libérées" par leur leader, en passant par l’esprit start-up et l’offre éthique, nous explorerons les faux-semblants des innovations managériales qui paralysent l’intelligence collective. Cette exploration permettra de réfléchir collectivement aux moyens de lutter contre ces empêchements à bien travailler et à retrouver une puissance d’agir dans les collectifs de travail. 
 
La clinique des organisations
24 février avec Gilles Herreros
 
Individu et société sont inexorablement liés... Parmi les instances intermédiaires qui scellent leurs entrelacs, les organisations occupent une place importante. Elles contribuent à la production de la société. Elles continuent également à produire les individus dont elles ont besoin pour assurer leur reproduction. Ce façonnage ne concerne pas seulement la production de compétences, de savoir-faire, mais il concerne aussi l’incorporation de normes et de fonctionnements psychiques conscients et inconscients. C’est ainsi que les pathologies observées dans le monde du travail, en particulier, comme le stress, le burn out, la dépression, l’épuisement professionnel, interroge les entrelacs entre le fonctionnement des organisations et le fonctionnement psychiques des individus. Le propos sera illustré par des exemples d’intervention conduites dans des organisations diverses (associations, institutions culturelles et sociale, entreprises privées et publiques…). Depuis cette perspective, interroger les organisations revient donc, non seulement à s’efforcer de comprendre leurs articulations avec les instances qui font monde avec elles, mais aussi à repérer comment pourraient être combattues et enrayées lesdites pathologies. C’est ce à quoi la sociologie d’intervention clinique et ses praticiens se consacrent et c’est ce que nous nous emploierons à montrer.
 
Notre inconscient face au désastre écologique
10 mars avec Bénédicte Vidaillet
 

Le désastre écologique auquel nous faisons face peut nous donner un sentiment d’impuissance, nous angoisser profondément, nous conduire à remettre en cause le sens de nos vies. Plutôt que de chercher à tout prix des solutions qui généralement, manifestent une volonté de toute-puissance, centrale dans notre culture et indissociable de la production de ce désastre, n’est-il pas plus fécond de mieux comprendre les processus psychiques qui, à notre insu, déterminent notre participation active à ce désastre ? Le parti pris ici est de poser la question de notre responsabilité : nous ne sommes pas que victimes, nous prenons certainement une part active à ce qui se produit et nous affecte en retour. Qu’est-ce qui peut aussi nous arranger, même inconsciemment, dans ce qui est à l’œuvre ?
Nous chercherons à comprendre comment s’intriquent en permanence, chez chacun, pulsions de vie et pulsions de mort, ce qui nous attire vers le lien, l’amour, l’auto-conservation, d’un côté, mais aussi, de l’autre, vers la destructivité et le néant. Comprendre pourquoi nous en arrivons à un tel degré de destruction et de violence à l’égard de la nature, la terreur qu’elle nous inspire. Comprendre nos liens ambivalents à des « générations futures » auxquelles nous ne voulons peut-être pas que du bien…

La clinique de l’historicité
24 mars avec Christophe Niewiadomski


Interroger la notion d’historicité présuppose de considérer le sujet contemporain à la fois comme « produit » et comme « acteur » de l’histoire. La sociologie clinique situe ainsi l’historicité au carrefour des déterminismes sociaux et du désir de liberté du sujet. En ce sens, le travail de réappropriation de l’expérience d’un sujet sur son activité singulière, nécessite d’articuler au moins deux registres connexes : l’environnement socio-historique et les évolutions du rapport biographique à l’expérience et à la subjectivité. Or, ce processus s’effectue aujourd’hui dans une période spécifique, la modernité avancée, laquelle a eu pour conséquence de faire passer l’individu d’un type de société où les trajectoires sociales étaient relativement stables et institutionnalisées vers une « société des individus » (Elias,1991) marquée par le développement de l’individualisation des parcours. À partir de plusieurs exemples cliniques, nous verrons comment et à quelles conditions la clinique de l’historicité se distingue de la clinique « biomédicale », en s’appuyant sur un référentiel théorique pluridisciplinaire visant à articuler la compréhension de la réalité subjective du sujet et de la réalité objective des faits bio-psycho-sociaux.
 
La beauté comme remède
7 avril avec Jean Philippe Bouilloud
 
La notion de beau travail, de travail bien fait, fait partie de notre expérience du travail, et tout métier produit ses propres normes sur ce que doit être un « beau travail ». Plus encore, de nombreuses recherche montrent qu’une des principales revendications dans le travail n’est pas tant de travailler moins, que d’avoir la possibilité de "pouvoir faire" ce beau travail. Pourtant, cette préoccupation apparaît peu chez les responsables d'entreprises ou dans les revendications syndicales. Or, le beau travail, qui est aussi un support d’identité professionnelle, est souvent le lieu d’une résistance face à la montée en puissance des pratiques gestionnaires qui tendent à réduire les coûts ou augmenter les cadences. C’est donc un enjeu fort au coeur de la santé au travail. 
 
Le théâtre e(s)t la vie
19 mai avec René Badache

Comment concilier une démarche clinique d’accompagnement des personnes concernées et une démarche politique de libération d’une parole sur les violences intrafamiliales, institutionnelle, sociales, économiques, écologiques et politiques ?

Le théâtre d’intervention socioclinique peut avoir des effets thérapeutiques dans la mesure où il favorise des mécanismes de dégagement comme la distanciation subjective, la symbolisation, la désincorporation, la sortie de l’isolement et du repli sur soi. La théâtralisation des conflits produit une catharsis libératrice qui désamorce l’anxiété et permet d’imaginer d’autres possibles, en favorisant à chaque étape l’articulation entre l’implication personnelle et la réflexion collective.
Il s’inscrit dans une perspective éthique en s’adressant à des sujets qui développent leur pouvoir d’agir.

Bibliographie


Érès et Cairn.info s'associent pour vous proposer des ressources accompagnant votre formation !

        

Retrouvez les listes de lecture élaborées par les formateurs, pendant 4 mois sur le site de Cairn.info. Chaque participant aura ainsi accès à des articles, des chapitres et des ouvrages pour enrichir les apports de la formation.


Bibliographie disponible pour cette formation :

  • Faire société malgré les attentats, Vincent de Gaulejac et Isabelle Seret
  • L'intervention sociologique dans les organisations, Gilles Herreros, Buno Milly
  • La violence ordinaire dans les organisations, Gilles Herreros
  • Pouvoir faire un beau travail, Jean-Philippe Bouilloud
  • Pourquoi nous voulons tuer Greta, Bénédicte Vidaillet
  • Mettre sa vie en jeux, René Badache et Vincent de Gaulejac
  • L'insoutenable subordination des salariés, Danièle Linhart
  • La comédie humaine du travail, Danièle Linhart
  • Le sens du travail, Fabienne Hanique
  • La sociologie clinique, Vincent de Gaulejac, Fabienne Hanique, Pierre Roche
  • Recherche biographique et clinique narrative, Christophe Niewiadomski